CHIFFRES


Habitués à envisager la France comme un pays d’immigration, nous sommes mal armés vis-à-vis du phénomène de l’émigration. L’appareil statistique ne nous renseigne en rien sur cette émigration qu’il ignore sous l’emprise d’un sens commun selon lequel les Français ne quittent jamais définitivement leur pays mais s’expatrient .

Hervé Le Bras, démographe, mars 2008.

Nous entendons parler quotidiennement d’immigration et beaucoup moins d’émigration. Pourtant, ce qui caractérise les migrations, c’est bien le mouvement… Et si des étrangers souhaitent vivre en France, des français partent aussi vivre à l’étranger.

Carte de la répartition des français vivant à l’étranger en 2006

(source : La Documentation Française).

Il y a environ 2 millions de français établis hors de France.

Il est difficile de connaître le nombre exact de Français partis s’installer à l’étranger car « l’inscription sur le Registre mondial des Français établis hors de France est une démarche administrative facultative ». Sur les 2 millions de Français supposés, seul 1,3 million sont effectivement inscrits au registre.

Il semble en tout cas que les français quittent de plus en plus la France :

En août 2003, Bernard Gentil écrit pour l’insee : « Après une période de quasi-stabilité de 1984 à 1990, la population française immatriculée à l’étranger augmente fortement de 1991 à 2002 ».

Et, en ce moment, nous pouvons lire sur le site du ministère que « Au vu de la tendance observée les années précédentes par nos ambassades et consulats, la population française établie hors de France a augmenté ces dix dernières années en moyenne de 3 à 4% par an ».

Mais alors, où vont donc nos chers compatriotes ?

51% d’entre eux sont établis en Europe, 20% dans les Amériques, 15% en Afrique, 8% au Proche et Moyen-Orient et 6% en Asie.

Plus précisément, voici les 10 premières destinations étrangères des français en 2007 selon le Ministère des Affaires étrangères et européennes.

1) Suisse : 132 784

2) États-Unis : 111 875

3) Royaume-Uni : 107 914

4) Allemagne : 99 288

5) Belgique : 81 608

6) Espagne : 69 290

7) Canada : 63 732

8) Israël : 49 137

9) Italie : 44 561

10) Maroc : 34 097

LE SOLDE MIGRATOIRE FRANÇAIS :

Qu’en est-il alors du solde migratoire français ?

Le solde migratoire peut se définir comme la différence chiffrée entre immigration et émigration. Bien sûr, il n’y a pas que des français qui quittent la France ; des personnes de nationalités différentes peuvent partir, elles seront également considérées comme des émigrés. Le solde migratoire est donc l’excédent annuel des entrées sur les sorties.

Selon le démographe Hervé Le Bras, le solde migratoire est quasi nul. Cependant, il est « politiquement difficile d’assumer une position affirmant que le solde migratoire avait été quasiment nul entre 1990 et 1999 (environ 6600 personnes par an en moyenne) alors que l’opinion se sentait envahie par l’étranger. Mais cette présentation fallacieuse a un coût. Elle aura empêché l’émergence d’une réflexion sur l’émigration des Français ».

—> Pour complément : Statistiques de migrations internationales transmises par les instituts nationaux de statistiques à Eurostat pour l’année 2005 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pologne, Pays-Bas).