PUBLICATION

 

 

LA SOCIÉTÉ PUNITIVE

histoire-dun-probleme

Les prochains cours au Collège de France qui seront publiés en France sont ceux de 1973 sur « La société punitive« .

Ces cours ont été très importants pour moi lors de la rédaction de ma thèse. À ce moment là, je n’avais pu consulter qu’un tapuscrit de Jacques Lagrange. Je me réjouis donc particulièrement de cette prochaine publication qui aura lieu en octobre 2013.

Résumé

Foucault prononce en 1973 un cours au Collège de France intitulé « La société punitive ». Ce cours, encore inédit, offre les premières grandes propositions théoriques de Foucault sur la naissance de la prison. Elles seront reprises, infléchies, reproblématisées dans Surveiller et Punir. Mais, en 1973, elles sont données avec une netteté conceptuelle et un tranchant polémique qu’elles ne retrouveront plus par la suite. Trois grandes notions sont définies : le « pénitentiaire », le « carcéral » et le « coercitif ». C’est le nouage de ces trois dimensions qui rend compte de l’invention de la prison.

In 1973 at the Collège de France, Foucault presented a seminar entitled “The Punitive Society”. This as yet unpublished seminar introduced Foucault’s first great theoretical propositions regarding the origin of the prison. He then took them up, corrected them and reformulated them in Discipline and Punish. But in 1973, they were presented with a conceptual clarity and a polemical edge that they lost afterwards. Three great notions were defined : the penal system, the carceral system and the coercive system. It was the intertwining of these three dimensions that accounted for the invention of the prison.

Extrait

Au fond, le point de départ était ceci : pourquoi cette institution étrange qu’est la prison ?

Cette question se justifiait de plusieurs manières :

D’abord, historiquement, par le fait que la prison comme instrument pénal a tout de même été une innovation radicale du début du XIXème siècle […] Historiquement, c’est donc une pièce nouvelle.

En outre, théoriquement : on ne peut pas, je pense, déduire des théories pénales formulées dans la seconde moitié du XVIIIème la nécessité de l’emprisonnement comme système de punition cohérent par rapport à ces nouvelles théories. Théoriquement, c’est une pièce étrangère.

Enfin, pour une raison fonctionnelle : dès le début, la prison a été dysfonctionnante. On s’est aperçu que, d’abord, ce nouveau système de pénalité ne faisait aucunement baisser le nombre de criminels, et ensuite, qu’il conduisait à la récidive, qu’enfin, il renforçait de façon très sensible la cohérence du groupe constitué pas les délinquants ».

(cours du 28 mars 1973, dernier cours de l’année – extrait du tapuscrit de Jacques Lagrange)

Pour information aussi, sont consultables en mp3 certains cours sur le site de la Bibliothèque de Berkeley.

ÉVÉNEMENT

MICHEL FOUCAULT

PHILOSOPHE ET MILITANT

25/28 MARS 2013 À POITIERS

foucault militant poitiers mars 2013

Le TAP –Théâtre et auditorium de Poitiers – a conjugué ses forces avec celles de l’Université de Poitiers pour concevoir un riche et grand moment sur l’actualité de la pensée de Michel Foucault, notamment sur les notions d’enfermement et de prison. Comment rendre compte de l’actualité de la pensée du philosophe pictavien, alors que la société française vit un moment de crise aigüe à ce sujet ? La pensée de Michel Foucault est-elle toujours d’actualité ?

Ainsi trouvera-t-on dans ce programme des conférences, des tables rondes, des moments d’échanges avec le public, mais aussi – et c’est plus rare – un spectacle théâtral, une expérience musicale inédite, des films, des images télévisées, des publications et des « chantiers » de théâtre avec des étudiants. Une matinée sera aussi consacrée au rapport de Michel Foucault avec les arts.

Preuve de la vitalité de la pensée de Michel Foucault ? Certainement, mais aussi souhait d’ouvrir ses travaux au plus grand nombre, de les mettre à l’épreuve du réel, et de partager cette « fête de la pensée » avec bon nombre de personnalités et d’intellectuels ainsi qu’avec des partenaires du monde culturel et éducatif.

—> voir le programme

PUBLICATION

 

 

LA BIOPOLITIQUE OUTRE-ATLANTIQUE APRÈS FOUCAULT

Principe de précaution. Bioéthique. Multiplication et diversification des dispositifs de contrôle des corps. Sexualité. Placement sous surveillance électronique. Village d’insertion pour les communautés Roms. Ces dispositifs de pouvoirs se présentent-ils comme rassurants, novateurs, libéralisateurs ? Ou bien, au contraire, se posent-ils comme des systèmes insidieux, indéchiffrables, effrayants ou simplement normalisants ?

Que penser de ces nouveaux modes de contrôle qui émergent ou dominent nos sociétés ?

Foucault ne parlait pas, stricto sensu, de sociétés de contrôle mais, pour satisfaire le « pacte de sécurité », des contrôles toujours plus fins se mettent en place et se structurent. Pour conceptualiser cette gestion du pluriel, cette régulation des flux, ce contrôle des corps, Foucault parlait, non plus de « discipline » comme il le faisait à propos de la majoration des forces individuelles, mais plutôt, de biopolitique.

Devons-nous alors comprendre cette mutation et division du contrôle comme une biopolitisation de la société ?

Ce livre, issu d’un colloque international organisé à Ottawa en 2009, espère apporter quelques éléments de réponse à ces questions : d’abord par des analyses théorico-critiques de la pensée foucaldienne ; ensuite, par une attention portée à l’actualité et aux usages contemporains de la biopolitique. Enraciné dans la réalité d’Outre-Atlantique, cet ouvrage offre au lecteur une vision élargie et plurielle de la biopolitique. En prenant acte de la diversité des approches françaises et nord-américaines, le lecteur pourra apprécier les convergences et les différences de points de vue.

Precautionary principle. Bioethics. Multiplication and diversification of bodycontrol devices. Sexuality. Electronic monitoring. Village integration for Rroms communities. Do these power devices present themselves as reassuring, innovative, liberalizing ? Or do they rather arise as insidious, indecipherable, scary, or simply normalizing systems ?

What to think of these new methods of control that emerge or dominate our societies ?

Foucault did not speak, strictly speaking, about control societies but, satisfying the « security pact », about the ever finer controls that are structured and put in place. To conceptualize this management of plurality, this flow regulation, this control of the body, Foucault spoke not about « discipline » as he used to about the increase of individual forces, but rather about biopolitics.

Should we then understand this mutation and control division as a biopolitisation of society ?

This book, as a result of an international symposium held in Ottawa in 2009, hopes to bring some elements of response to these questions : first by theoretical and critical analyzes of foucauldian thought ; then, by careful attention paid to current affairs and contemporary uses of biopolitics. Rooted in the reality across the Atlantic, this book offers the reader a broad and plural view of biopolitics. By acknowledging the diversity of approaches of French and North American approaches, the reader will be able to appreciate the similarities and differences of points of view.

(traduction du français par Christian Adam).

SOMMAIRE :

INTRODUCTION par Audrey Kiéfer et David Risse

1° Une généalogie du pouvoir :

Alexandre Mac Millan : Pouvoir souverain et pouvoir sur la vie : Continuité et rupture dans l’histoire des relations de pouvoir chez Foucault.

Julie Mazaleigue : Le corps sexuel, entre discipline et biopouvoir. Une lecture critique du « dispositif de sexualité ».

Stéphanie Martens : Le concept de biopolitique chez Foucault : entre souveraineté et gouvernementalité.

Arona Moreau : Foucault et le renouveau de la pensée politique.

2° La population, un concept central :

Karlis Racevsis : La fin de l’homme et de l’exception humaine.

Hervé Oulc’hen : La population, émergence d’un concept technologique.

Luca Paltrinieri : L’émergence de la population : Mirabeau, Quesnay, Moheau.

3° Le sujet et la santé, des outils biopolitiques :

Louise Blais : Le couple conceptuel : Savoirs savants/savoirs ordinaires.

Carole Clavier : Biopolitique et santé publique. Réflexion sur les usages du concept en santé publique.

4° De la sécurité, au nom du thérapeutique ou du désirable ?

Thomas Foth et Dave Holmes : Gestion biopolitique d’une population captive.

Fabrice Duclos : Gouvernementalité et contrôle des corps : pour une biopolitique de la pharmaceutique.

Olivier Razac : Il faut lutter contre les morts prématurées.

Paul La Bas : Biopolitique des gens du voyage.

Tony Ferri : La biopolitique et le Placement sous surveillance électronique (P.S.E.).

POSTFACE de Lawrence Olivier

Pour mémoire,

—> Télécharger le dossier “colloque”.

–> Vous pouvez commander l’ouvrage en version papier ou en version en PDF.

PUBLICATION


BIOPOLITIQUE ET GOUVERNEMENT DES POPULATIONS

 

 

Dans Surveiller et punir, Michel Foucault construit, au delà d’une histoire de la naissance de la prison, une généalogie du pouvoir disciplinaire. À la fin du livre, Foucault nous dit que quelque chose est en train de changer. Serait-ce donc déjà « La crise de la société disciplinaire » qu’il annonce ici ? [DE III n°231 : « La société disciplinaire en crise », page 533]

Il est possible au regard des différentes lectures foucaldiennes de décrypter cette transformation du présent par l’analyse de dispositifs de sécurité qui ne cessent de se mette en place, davantage chaque jour. Foucault, dans une « lettre à quelques leaders de la gauche » ressent le danger de ces mécanismes de sécurité qui s’installent dans la société française des années 1970 : « Nous risquons d’entrer dans un régime où la sécurité et la peur vont se défier et se relancer l’une l’autre ». La politique sécuritaire luttant contre l’insécurité alimente la peur qui entretient à son tour le besoin toujours plus grand de sécurité. [DE III n°214 : « Lettre à quelques leaders de la gauche », page 390]

Foucault ne parlait pas, stricto sensu, de sociétés de contrôle mais pour satisfaire ce « pacte de sécurité », des contrôles toujours plus fins se mettent en place et se structurent. La « sécurité » légitime la multiplication des contrôles. L’actualité sécuritaire transforme le présent disciplinaire de Foucault . Devons-nous comprendre cette mutation, ce passage, comme une biopolitisation de la société ?

Il est en tout cas surprenant de voir comment Foucault déplace sa problématique du disciplinaire au biopouvoir et à la biopolitique après 1975 [Même si le terme de biopouvoir apparaît pour la première fois en 1974, sa réflexion ne prend véritablement forme qu’à partir de 1976].

 

Cette volonté de comprendre et de débattre autour de cette problématique avait motivé David Risse et moi-même à organiser une rencontre avec des chercheurs de formation et de conviction différentes. Ce fut une réussite, un moment riche de réflexion. Les Actes doivent être prochainement publiés. Nous avions  également décidé suite à ce colloque de proposer un dossier à la revue Cultures et Conflits afin de permettre à certains auteurs de prolonger ou de préciser leur argumentaire défendu lors de leur intervention orale à Ottawa.

Ce dossier vient d’être publié. En voici la 4ème de couverture :

 

Dans le domaine des relations internationales, les références aux travaux de Michel Foucault ont été exponentielles ces vingt dernières années. Les interrogations les plus récentes ont souvent porté sur les notions de gouvernementalité et de biopolitique – parfois mal comprises, lorsqu’elles ne sont pas tout simplement confondues par les auteurs. C’est cette discussion que nous avons voulu alimenter avec cette nouvelle livraison de Cultures & Conflits, qui présente un dossier consacré aux usages variés de la « biopolitique ». La démarche de ce dossier n’est pas exégétique. Elle vise à décliner, sans nulle prétention à l’exhaustivité, les usages possibles de la biopolitique foucaldienne et à analyser son statut vis-à-vis de notions connexes comme la souveraineté ou la discipline. Au-delà, plusieurs des contributions réunies ici ont une ambition théorique plus générale. Ce numéro s’ouvre avec la traduction en français d’un texte de Michael Dillon, l’un des premiers auteurs anglophones à avoir utilisé Foucault dans le champ des relations internationales. Luca Paltrinieri, Paul Le Bas, Alexandre MacMillan (auxquels il faut ajouter Olivier Razac à qui est consacrée la « chronique bibliographique » de ce numéro) donnent ensuite des exemples des applications hétérogènes dont le terme de biopolitique fait l’objet. En s’inscrivant dans le cadre plus large des discussions portant sur les transformations contemporaines de l’exercice du pouvoir, ce dossier entend prolonger un certain nombre de réflexions initiées depuis une dizaine d’années dans la revue au sujet des formes contemporaines de l’exception politique, des technologies de contrôle et de surveillance des individus ou des pratiques de marquage et de mise à l’écart de certaines catégories de population. Dans les mois à venir, Cultures & Conflits proposera d’ailleurs d’autres pièces à verser au dossier des relations entre Foucault et la sociologie politique de l’international .

 

 

 

—> Les articles de ce numéro sont disponibles en texte intégral via abonnement/accès payant sur le portail Cairn : consulter ce numéro

 

ÉVÉNEMENT


FOUCAULT 71


 

Michel Foucault est décidément inoxydable, qui fouilla sa vie durant les relations complexes entre réel et discours, pouvoir et subjectivité. Pour habiter plus librement notre étrange pays, cinq jeunes femmes de théâtre se sont emparées de ses textes, manifestes et interviews, elles ont rencontré moult chercheurs, militants et prisonniers, elles se sont inventé en collectif leurs propres règles du jeu, pour concevoir ce « feuilleton théâtral » en trois épisodes, aussi impertinents qu’énergisants.

 

FOUCAULT 71 / durée 1h35

spectacle qui a reçu le prix du jury du Festival « Impatience » 2009 de l’Odéon

conception, mise en scène, scénographie et interprétation Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas lumières Frank Condat et Daniel Lévy.

>>>> Où l’on verra Michel Foucault s’engager avec d’autres intellectuels, à travers trois « affaires » de l’année 1971, pour la cause des prisonniers, contre la désinformation policière et le racisme dans la Goutte d’or …

 

LA PRISON / durée 1h10

conception, mise en scène et interprétation Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas scénographie Daniel Lévy et le collectif F71 lumières Frank Condat et Daniel Lévy.

>>>> Où l’on verra Foucault analyser le fonctionnement de la prison pour mettre au grand jour les rapports de pouvoir à l’œuvre dans notre quotidien…

 

QUI SUIS-JE MAINTENANT ? / durée 1h30

création, mise en scène et interprétation Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas musique et interprétation Fred Costa assistanat à la mise en scène Estefania Castro scénographie Denis Gobin, Magali Murbach et le collectif F71 lumières Denis Gobin costumes Magali Murbach.

>>>> Où l’on verra (à partir de La vie des hommes infâmes) un Foucault amoureux de l’archive révéler la force des mots sur les vies.

 

 

—> bande-annonce de Foucault 71

—> coulisses du spectacle http://theatredelaquarium.tumblr.com

—> interview de Lucie Nicolas et Sara Louis à propos de l’épisode La prison, réalisé par Laurent Jacqua pour le blog En vue sur la prison.