et le 6 mai en streaming sur le site de Terra Nova
Résumé :
En France, depuis plus de 30 ans, les étrangers représentent environ 20% de la population carcérale alors que dans la société du dehors, leur pourcentage oscille entre 6 et 8%, faisant de la France l’un des derniers pays de l’OCDE en terme d’immigration.
L’Identité Nationale recueille une parole rarement entendue, celle d’anciens détenus étrangers ayant été condamnés à l’expulsion après la prison, et décrypte le rapport que l’État français entretient avec l’Étranger. Pourquoi l’Étranger est-il perçu comme une menace qu’il faut stigmatiser et contrôler ? Comment évolue la ligne de démarcation entre « eux » et « nous » ? Sommes-nous capables d’élaborer une politique d’immigration en rupture avec une racialisation qui ne dit pas son nom ?
Dans ce film, Valérie Osouf apporte des éléments de réponses et des outils pour réfléchir ces problématiques. L’Identité Nationale interroge en effet les fondements de notre propre identité française et cherche à redéfinir notre position de citoyen.
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Le milieu carcéral est un monde opaque. Faute d’être informés de ce qui s’y passe, les politiques et le grand public en sont réduits à se réfugier dans un discours idéologique souvent caricatural. Le « répressif » de droite contre l’« éducatif » de gauche. Didier Cros, solidement épaulé par sa productrice Hélène Badinter, a voulu sortir de cette logique binaire. Il est resté plusieurs mois au centre de détention de Châteaudun (Eure-et-Loir) et en a tiré deux films : un sur les surveillants (Sous surveillance), programmé le mardi 12 juin 2012 sur France 2, l’autre sur les parloirs (Parloirs), à voir à la rentrée.
Cette plongée au cœur du système carcéral d’un des meilleurs documentaristes du moment – on lui doit notamment La Gueule de l’emploi et Gendarmes (mode d’emploi) – nous vaut deux œuvres remarquables décrivant sans clichés le monde carcéral dans sa réalité quotidienne. Des films qui nous mènent insensiblement vers un questionnement critique rare : celui de l’utilité même de l’enfermement.
Entretien avec le réalisateur :
Il est souvent difficile d’obtenir des autorisations pour tourner en milieu pénitentiaire, était-ce le cas pour votre film ?
Ça a été l’enfer. A l’origine, le projet était de réaliser un film sur les parloirs, ce que n’avait jamais autorisé l’administration pénitentiaire – pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que c’est un espace qui leur échappe et où la parole est libre. Comme d’habitude, elle n’a pas opposé de refus catégorique mais a laissé traîner la demande. J’ai tenu bon et, au bout de deux ans, j’ai fini par obtenir une autorisation. J’aurais dû être heureux, mais j’étais effondré tant elle était restrictive et m’interdisait de tourner le film que j’avais en tête. Finalement, j’ai accepté les conditions, en espérant pouvoir négocier au mieux une fois sur place. Ma chance a été de tomber sur un directeur de prison qui m’a accueilli avec une incroyable ouverture d’esprit et m’a beaucoup facilité le travail. Il a compris que mon projet était de rendre compte de la complexité des choses, pas de tenir un discours militant basique.
Comment s’est déroulé le tournage ?
Avant de le commencer, j’ai passé trois mois dans la prison, sans caméra. Cela a été un voyage dans l’humain long, patient et indispensable. Il fallait montrer, aux surveillants comme aux détenus, que j’étais là sans parti pris. Le contact a été compliqué à établir. Tous étaient réticents, par crainte d’être mal regardés, mal vus. Ce travail d’approche a été encore plus difficile avec les familles de détenus tant elles se sentent stigmatisées dans notre société. Le premier film prévu sur le parloir s’en est trouvé retardé, mais, comme le directeur m’a laissé tourner librement des images dans le centre de détention, j’ai fini par disposer d’une matière extraordinaire, et petit à petit s’est greffée la possibilité de réaliser un second film.
Pourquoi avoir choisi de le consacrer aux surveillants ?
Au contact quotidien du monde carcéral, j’en suis venu à me poser la question de l’utilité de l’enfermement. On a souvent un questionnement critique sur la prison, au travers des conditions de détention des détenus, mais le principe même de son utilité n’est jamais interrogé. A force d’observation, je me suis rendu compte que le bureau des premiers surveillants était le point névralgique qui permettait d’avoir le meilleur éclairage sur ce questionnement. Les premiers surveillants représentent l’incarnation du système. Leur bureau, où défilent quotidiennement les détenus et où se traitent toutes sortes de problèmes, représente un espace très révélateur de ce système et de son impuissance. Faire de ce bureau la scène principale du film permettait aussi de me centrer sur la parole des surveillants et des détenus, et d’échapper à toute l’iconographie classique des films de prison : les barreaux, les portes qui s’ouvrent et se ferment…
Étranger, Délinquant : ces deux termes seraient-ils devenus synonymes ?
Contrairement à l’effet d’annonce de Nicolas Sarkozy en 2003, la double peine existe toujours.
L’identité nationale est construit autour d’une parole rarement entendue : celle d’anciens détenus étrangers ayant été condamnés à l’expulsion après la prison.
Vous le savez, Détentions et rétentions carcérales soutient le prochain film documentaire de Valérie Osouf intitulé L’identité nationale. Nous vous proposerons donc dans les prochaines semaines plusieurs billets autour de ce documentaire : présentation des acteurs du film, questionnement sur une problématique du film, bonus en avant première, etc.
Ce film raconte le parcours de personnes étrangères sorties de prison, accompagnées à un moment donné par la Commission Prison de La Cimade afin de leur apporter un accès effectif à leurs droits. Certaines sont depuis en situation administrative régulière, d’autres toujours pas. Toutes ont en commun d’avoir connu l’univers pénitentiaire français et d’avoir vécu ou de vivre encore la peur de l’expulsion.
Non, la double peine n’a pas été abolie.
Ce site souhaite soutenir activement le projet de Valérie Osouf.
Cette réalisatrice possède une qualité indispensable pour ce type de documentaire où la parole est première : elle sait saisir les subjectivités et les retranscrire dans leur véracité. Je n’entends pas dire ici que le film est la retranscription vraie ou fidèle de ce que les acteurs du film ont voulu dire mais Valérie Osouf possède cette capacité d’écoute nécessaire. Elle sait s’effacer et laisser la parole.
Bien sûr, dans ce film, la réalisatrice souhaite aussi défendre son propos : la parole de ces personnes étrangères est aussi là pour nous interroger nous-mêmes.
Aussi, nous pourrons entendre aux côtés des 5 témoins qui guident la narration, plusieurs chercheurs dont les réflexions historicisantes et contextualisantes sont pertinentes et utiles à la conceptualisation des témoignages.
Chercheur au Laboratoire Communication et Politique du CNRS1, ancien chercheur associé au GDR 2322 du CNRS Anthropologie des représentations du corps (à Marseille), Pascal Blanchard co-dirige le Groupe de recherche Achac Colonisation, immigration, postcolonialisme depuis 1989.
Il a réalisé plusieurs expositions sur le thème de la colonisation et de l’immigration, dont Images d’empire (1996), L’appel à l’empire (1997) et Images et Colonies (1993). Il est spécialiste du « fait colonial », des immigrations des « Suds » en France, de l’imaginaire colonial et de l’histoire du corps.
Il a publié ou co-dirigé une trentaine d’ouvrages et revues sur ces thèmes et plusieurs séries d’articles, réalisé plusieurs documentaires télévisés (Les Zoos humains, Arte, 2002 ; Paris couleurs, France 3, 2005 ; Des noirs en couleur. L’histoire des joueurs afro-antillais et néo-calédoniens en équipe de France de football, Canal +, 2008)2 et a collaboré à plus d’une dizaine de films de fiction ou documentaires.
Il intervient régulièrement dans les débats et dans les médias, pour promouvoir un autre rapport du présent au passé colonial et à la relation à l’histoire des immigrations « des Suds » (coloniales et post-coloniales) en France.
Si vous ratez cette diffusion, vous pourrez aussi écouter Pascal Blanchard grâce à 3 autres vidéos sur La Représentation des Noirs et des Africains en France.
(1/3) La Représentation des Noirs et des Africains en France
(2/3) La Représentation des Noirs et des Africains en France
(3/3) La Représentation des Noirs et des Africains en France
À l’automne 2001, des associations lancent une campagne contre la double peine.
Le film accompagne, pendant deux années, les membres de la campagne dans leur travail militant et leurs rencontres avec la classe politique, en particulier lors de la concertation menée par le ministre Nicolas Sarkozy en vue d’une réforme de la loi. Les revendications des associations trouveront-elles un débouché dans la loi ?
À travers l’histoire de cette campagne, le film démêle les enjeux politiques de la double peine et montre les difficultés qui se font jour entre les associations lorsque la « victoire » obtenue comporte des exceptions.
—> Il possible également de télécharger l’intégralité ici.
—> Le documentaire fait référence à la loi de 2003 sur les catégories protégées. Il s’agit des articles L.521.3 du CESEDA et 131-30-2 du Code Pénal pour les protections dites « quasi-absolues » et des articles L.521.2 du CESEDA et 131-30-1 du Code Pénal pour les protections dites « relatives ». Suls les mineurs (de moins de 18 ans) bénéficient d’un protection absolue.
—> En complément d’information, vous pouvez lire :
CPT - COMITE ANTI-TORTURE DU CONSEIL DE L'EUROPE : Il faut réduire au minimum l’isolement en prison
RAPPORT 2010 de L'OFPRA
RAPPORT 2009 DE LA CIMADE sur les centres et locaux de RETENTION ADMINISTRATIVE
RAPPORT SUR LA SITUATION DES RROMS MIGRANTS EN FRANCE - ROMEUROPE - 2009/2010
RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES - "PRÉVENIR LA RÉCIDIVE, GÉRER LA VIE CARCÉRALE"
ANALYSE INTERASSOCIATIVE DU PROJET DE LOI "BESSON" - mars 2010
RAPPORT 2009 - COMEDE - La santé des exilés
RAPPORT 2010 - AMNESTY INTERNATIONAL sur la situation des droits humains dans le monde
RAPPORT 2009 DU CONTROLEUR GENERAL DES LIEUX DE PRIVATION DE LIBERTE"
RAPPORT 2008 DE LA CIMADE sur les centres et locaux de RETENTION ADMINISTRATIVE"
MIGRATIONS - ÉTAT DES LIEUX 2009 DE LA CIMADE"
RAPPORT DE LA FIDH-OMCT intitulé "DÉLIT DE SOLIDARITÉ : STIGMATISATION, RÉPRESSION ET INTIMIDATION DES DÉFENSEURS DES DROITS DES MIGRANTS"
RAPPORT DE MISSION CONJOINTE AME /APDHA sur "UNE AUTRE FRONTIÈRE DE NON-DROIT : MALI-MAURITANIE"
RAPPORT 2008 DE LA COMMISSION NATIONALE DE DÉONTOLOGIE DE LA SÉCURITÉ
RAPPORT SUR LA SITUATION DES FRONTIÈRES EURO-MÉDITERANNÉENNES (en anglais) (27 avril 2009)
MÉDECINS SANS FRONTIÈRES - rapport pour dénoncer les conditions de vie des migrants dans les centres de rétention à MALTE (16 avril 2009) (en anglais)
COMMUNIQUÉ DE L'Association Européenne pour la défense des Droits de l'Homme : L’Union européenne doit changer de politique en matière d’immigration et d’asile (02 avril 2009)
DROITS ET DEVOIRS DE LA PERSONNE DÉTENUE (janvier 2009)
STATISTIQUES PÉNALES ANNUELLES DU CONSEIL DE L'EUROPE - ENQUÊTE 2007 (en anglais)
RAPPORT sur la mise en œuvre dans l'UE de la directive 2003/9/CE sur les conditions d'accueil des demandeurs d'asile et refugiés (2005-2008) - 27 janvier 2009
DIRECTIVE 2008/115/CE du parlement européen et du conseil (DIRECTIVE RETOUR - décembre 2008)
PROJET DE LOI PENITENTIAIRE déposé au Sénat le 28 juillet 2008
RAPPORT de mission d’observation mai-juillet 2008 de la CFDA